" Si tu as quelque chose à partager où à donner, fais le
maintenant car le monde en a besoin" Bobby Holcomb
Bobby arrive à Tahiti en 1976 et décide rapidement de s'installer dans le village de Maeva à Huahine. Là il deviendra
vite une célébrité locale tant par son ouverture d'esprit que pour son intégration forcenée dans la culture tahitienne,
dans laquelle il retrouva toute la dignité d'un peuple que Hawaii avait perdue des décennies auparavant. Homme au visage souriant et au regard doux, son style devint désormais invariable : short et savates, chemise pareu, un chapeau niau entouré d'une couronne de fleur sur la tête et un panier niau coincé sur les épaules, il avait adopté l'uniforme du Tahitien de milieu rural et îlien. Seuls ses cheveux tressés style "rasta" le différenciait et lui donnait un air de dieu polynésien sorti tout droit d'une légende, style qui est d'ailleurs depuis et toujours devenu le "must" du jeune Tahitien genre "hombo" qui soigne sa "polynésiennité".
Son succès musical est basé sur deux fondations : la réussite d'avoir su "mixer"la musique "Reggae" aux mélodies tahitiennes, et le fait d'avoir appris le reo ma'ohi, tel que la langue tahitienne commençait alors à être appelée.
Entre Bobby et la Polynésie commença alors une belle histoire d'amour, celle d'un artiste pour une culture, celle d'un homme pour un peuple.
A Huahine ou à Tahiti, il partagea les révoltes d'une population tahitienne qui avait du mal à entrer dans le "monde moderne". Il milita contre les essais nucléaires et lança des campagnes contre la pollution tout en prônant un retour aux racines, utilisant des clips vidéo de ses chansons pour mieux faire passer les messages.
Mais c'est surtout sur le plan culturel que son impact sera le plus important, en particulier au niveau des jeunes.
A Huahine sa maison était ouverte à tous. Il écouta les Polynésiens qui venaient le voir, ce qui lui permit de perfectionner son reo ma'ohi.
Sa générosité naturelle, sa bonne humeur perpétuelle s'inscrivaient tout à fait dans la tradition polynésienne. « C'est vrai qu'à Tahiti, on aime Bobby, doux avec les petits, toujours souriant, vêtu très simplement, intelligent dans ses propos, maniant avec élégance la langue française, avec volonté et sympathie la langue tahitienne. On l'accueille un peu comme un cousin, un parent qui aurait séjourné longtemps à l'étranger mais qui fait partie de la grande famille polynésienne, puisqu'il le dit et puisqu'il ressemble aux gens de ce pays » écrivit en 1992 son ami le professeur Bruno Saura, qui le comprenait d'autant mieux qu'il avait lui-même vécu la même immersion dans le monde tahitien que Bobby.
Pour ce qui est de la musique, Bobby enregistra d'abord au studio Arevareva, notamment la pièce "Bobby's House" sortie aussi en cassette sur laquelle il reprit avec Maire Tavaearii la vieille chanson de Joséphine Baker, l'adaptant pour la tourner en « J'ai deux amours : mon pays c'est la Polynésie ». C'est en 1985 qu'il perça auprès du grand public après avoir remporté avec "Orio" le concours de chant organisé par François Nanai. Ceci lui valut un contrat avec la société Océane roduction, et sa popularité devint alors telle qu'il remporta haut la main le titre de "Homme de l'Année 1990" selon le vote des auditeurs
Mais l'autre fantastique facette des dons de Bobby était sa peinture, si originale et tellement porteuse d'une immense sensibilité. Le miracle a fait que les tableaux de cet immigré hawaiien fou de Tahiti sont devenus la seule source d'illustration pour les nombreuses et magnifiques légendes tahitiennes. Rien que pour cela, Bobby devrait être élevé au rang de grand officier de l'Ordre deTahiti Nuié Mais le connaissant, c'est une décoration qu'il aurait detoute manière refusée !
Par Alex W. : archives Tahiti-PacifiqueRetour "articles majeurs"