Au coeur d'une couronne récifale longue de 80 kms, se trouve un petit groupe d'îles hautes constitué de Mangaréva, l'île principale, et de ses voisines Turavai, Aukena et Akamaru auxquelles viennent s' ajouter quelques motus. Rattachées administrativement aux Tuamotu pour sa proximité, sa géographie et son histoire sont néanmoins différentes.
Découvert en 1797, l'archipel des Gambier doit son nom au capitaine Gambier, descendant des huguenots français, qui assista la Société des missionnaires à Londres. Mangaréva est aujourd'hui la seule île habitée; la population s'étant peu à peu déplacée vers la Nouvelle Zélande à la suite de nombreux affrontements entre tribus. L'archipel comptaient environ 6000 personnes au moment où débarquèrent les missionnaires français Caret et Laval. Il fallut moins de deux ans à ces deux missionnaires pour convertir toute la population au christianisme. Aussi, les autochtones furent-ils réquisitionnés pour construire une église sur chacune des îles mais aussi pour détruire tout culte païen et valeur spirituelle locale.
Le trafic maritime amena à Mangaréva de nombreux bateaux marchands et militaires, et autres aventuriers, attirés par le commerce de la nacre, traînant avec eux leur lot de maladies et de dépravation. Ce qui déstabilisa le système en vigueur et provoqua de nombreuses pertes, d'où un nouvel exil vers Tahiti. Le commerce de la nacre s'effondra après la guerre, remplacé depuis un demi siècle par la perliculture. Mangaréva signifie " la montagne où pousse le reva" (le reva était un arbre vénéneux destiné surtout à faire fuir les ennemis de l'île). L'île vit naître deux hommes politiques: Francis Sanford, qui rallia l'archipel à la France libre, et Gaston Flosse, célèbre pour sa rivalité légendaire avec le président Oscar Temaru.
A l'est de l'île, l'avion se pose au beau milieu du lagon, sur un motu. Le voyageur doit alors emprunter l'une des embarcations pour une demi-heure de traversée, apercevant de loin, le mont Duff, (440m) et sa forêt de cocotiers, de uru, et de pandanus. Des bananiers recouvrent les parties inférieures. Vous êtes à Rikitéa, l'unique village de l'archipel. Une allée bordée de maisons basses et de petits jardins se dirige vers la montagne.
Sur les hauteurs, la cathédrale ST Michel, domine, majestueuse, sur l'emplacement de l'ancien marae qui pouvait accueillir jusqu'à 1200 personnes . Selon le témoignage du navigateur Moerenhout qui les précéda:
" le grand marae de Mangareva était orné de morceaux de corail tandis que la maison royale, soutenue par des piliers, tels des colonnes sculptées, aurait pu rappeler un temple grec. L'église, imposante, en blocs de corail,construite entre 1939 et 1948, mesure 54 m de long sur 14 m de large. Elle vient d'être rénovée. Les tuiles du toit auraient servi de monnaie d'échange contre des nacres.
http://www.tahitiheritage.pf/cathedrale-saint-michel-rikitea/
Il dit encore que :
" * La nef soutenue par 20 colonnes est une splendeur
* Un retable de nacre sculpté en forme de coeur domine l'autel.
* Les tableaux du 19e siècle s'y trouvent encore accrochés
* Des boiseries incrustées de nacres blanches et jaunes doré forment une décoration baroque à la lumière tamisée des lampes."
Le roi avait sa demeure au bord du lagon, il aimait se reposer près du vivier à poissons et à tortues.
Du haut du mont Mokoto, (425m), le panorama sur le lagon est superbe.