Au fil des siècles, mère nature apporta à ces îles une contribution appréciable. Les premières maisons paumotu s'intégrent naturellement dans le paysage. Les matériaux utilisés, comme le cocotier ou le tamanu, provenaient toujours du village lui-même, afin de préserver à la fois l'harmonie du paysage et les besoins d'une culture ancestrale. L'imagination faisait le reste.
" Il s'agit d'arracher des aveux à la matière, et traduire dans l'instant ses impulsions créatrices" disait Le sculpteur tahitien Jean Claude Michel. Connu à Tahiti pour ses constructions en bois, inspirées des techniques traditionnelles, ses oeuvres semblaient redonner vie aux légendes d'antan.
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Le bois était tantôt du bois " flotté" ramassé sur les côtes tahitiennes ou des planches massives sciées et striées, mais il était toujours respecté, et pouvait servir également pour le mobilier. L'une de ses mèthodes consistait à mettre ses précieuses pièces de bois brut au congélateur pendant une semaine, afin de tuer les larves et insectes qui oseraient s'y aventurer.
" Il avait naturellement l'amour des matériaux nobles, des textures attachantes et des proportions, " précise Léon Blum.
Tirant ainsi le meilleur parti du site en le modifiant le moins possible, dans un arbre ou sous l'auvent d'un abri-sous-roche, ses constructions étaient un prolongement du support choisis": Ainsi naquit entre autres le " Hana iti", l'un des éternels chefs d'oeuvre de l'île de Huahine.
Certains bâtiments publics, périodiquement rénovés, conservent encore aujourd'hui la silhouette et les matériaux d'origine, de même les fare au toits tressés qui réveillent chez le touriste leur soif d'aventure.
Avec le temps, la mentalité paumotu change, et le besoin de matériaux plus malléables et d'utilisation plus rapide s'avère nécéssaire. De plan rectangulaire, sur une charpente en bois légère, les murs et cloisons en " pinex" supporte un toit de tôle à deux pentes.
La sécurité devint une priorité et des critères de stabilité furent établis. Les conditions climatiques pouvant quelquefois devenir agressives: les cyclones des années 80 contribuèrent de toute évidence à cette prise de conscience.
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"Ajoutons à cela une plus grande affirmation de soi à travers l'arc en ciel de couleurs que constitue l'environnement. Les couleurs font tout pour ratrapper ce que les formes n'ont pas su dire" dit Michel Blum.
La simplicité est aussi une règle: les produits de bases, amenés de Tahiti au moyen de goélettes ne suffisent pas toujours à l'entretien des habitations. Et qui dit goélettes dit aussi saison, car l'océan ne facilite pas toujours les choses aux îles Tuamotu.
Côté tourisme, dame nature use de tous ses charmes pour séduire le voyageur.
Alors se dégage aussitôt une sensation de générosité et de chaleur humaine, un peu oubliée en occident. Un mélange d'exotisme et de valeurs qui racontent une histoire avant même de rencontrer les habitants.
Des collections d'objets liées au souvenir affectif prendront le pas sur l'esthètique. Rappelant les maisons chaleureuses de nos grand-mères, les portraits de familles, les évènements vécus, se partagent l'espace avec l'artisanat ou encore les diplômes jaunis et encadrés qui font la fierté de la famille.
Les trophées sportifs, les récompenses à l'élection d'un concours de miss, ne font pas exception à la règle.
Garder la trace de toutes ces vies qui s'écoulent trop rapidement, voilà l'idée.
L'esprit d'ouverture des paumotu se traduit par des maisons toujours ouvertes: oubliés les serrures, les volets et les portes, souvent remplacés par les tifaifai, magnifiques patchworks patiemment crées par les mama. Il n'est pas rare de découvrir une dizaine de motifs fleuris différents dans la même pièce, tel un jardin fleuris au sein même de la maison.
Les coussins plissés et assortis trônent au cotés d'objets artisanaux de coquillages ou de verre faits à la main.
les objets religieux omniprésents, ont aussi pour fonction de rallier les esprits et entretenir les relations.
Révèlatrice d'un héritage commun de l'âme polynésienne, tendresse, nostalgie et convivialité résument l'intérieur de nombres de maisons paumotu.
Un petit creux ? il n'est pas de repas paumotu sans le traditionnel pain coco .
Tamaa' maitai ! (bon appetit)