Rurutu d'antan :
Décorée de 30 effigies sur le corps, la statue du dieu A'a cachait en elle 80 petits dieux qui, d'après les anciens, représentaient aussi bien les ancêtres que la descendance, qui voyageaient sur des pirogues très sculptées et incrustées de coquillages. Le roi dirigeait la communauté, les prêtres géraient l'économie de l'île: construction de bateaux, décisions en temps de guerre, et comme partout, faire respecter la loi des tapu (lieux sacrés sous peine de punition divine). Les guerriers s'adonnaient au sport de force ou de combat (lancer de pierre, javelot etc.). La polygamie, tout comme l'adoption (fa'aamu) étaient pratiques courantes. Les vêtements étaient faits de tapas ( tissus végétal), parfumés à la noix de tamanu puis teins à l'aide de racines.
Vers 1900, l'arrivée des missionnaires condamnent ce patrimoine social. Le coton remplace le tapa, le corail et le toit de tôle prend le pas sur le bois. Des goélettes sont affrétées pour le commerce avec Tahiti. Après la signature de ralliement à la France par Epatiana, la vie politique s'organise, et des constructions diverses voient le jour: routes, dispensaire, citernes d'eau. L'école devient obligatoire. Les cultures ancestrales laissent la place à des légumes venus d'occidents (la fraicheur du climat étant plus propice qu'ailleurs), hormis le manioc, l'igname ou les bananiers toujours présents. Les végétaux ont tenu bon : goyaviers,orangers, acajou, fougères et le falcata, (bois spongieux a la particularité d 'enrichir le sol.)
Un peu de tourisme :
Rurutu s'étend sur 11 km/6 , soit 32 km². Entourée de hautes falaises et d'un important récif corallien, elle s'ouvre sur les deux passes d'Avera et de Vitaria. Une route relie les villages principaux et une autre relie les 6 sommets de l'île: Teape (368m),Taatoe (389m), Manuréva(285m), Pito (190m),Erai (288m), et enfin Rairiri (263m). Quelques 2000 habitants se partagent les villages de Moerai, Auti, et Avera. L'aérodrome se trouve au nord de l'île. La meilleur façon d'explorer l'île reste le 4/4 ou à cheval, le vélo etant réservé aux grands sportifs (les pentes sont raides!). En redescendant la falaise Matonaa, l' observatoire à baleines faisant face à Moerai et sa célèbre tour de guet est encore utilisée pour surveiller l'arrivée des fameux cétacés.
La pointe Taotaratara au sud de l'île est bien aménagée pour les pique-nique dans la fraîcheur des forêts environnantes. A Avera, quelques maisons ovales très anciennes ont été bâties sur une place carrée et pavée, le toit descendant jusqu'au sol. Des éoliènnes alimentent l'île en électricité près de la passe Orupu. Moerai est la capitale administrative actuelle mais a gardé peu de vestiges, le corail ayant été réutilisé. L'ancien village historique de Vitaria (10e siècle) a conservé intacte des maisons de 25 m de long/ 10 m de larges. Si le village a aujourd'hui disparu, le marae a survécu. Dans les villages, les terres étaient gérées et partagées collectivement par la communauté, celle-ci désignant les tâches de chacun ou encore la façon d'accueillir le visiteur.
Refuges ou berceaux de légendes : les grottes
De nombreux objets usuels en corail ou en bois d'Ati furent retrouvés dans les grottes troglodytes le long de la falaise: outils, rappes à coco, 'umete de 2 m de long (récipient ovale), sièges en bois, crosses pour le jeu de apai ou encore pièces de bambou utilisées dans la pratique de la circoncision. Dans le frémissement des vagues, annoncée par le cri des oiseaux marins, s'élève d'abord la grotte d'Ina, berceau de la célèbre légende. Plus loin celle d' Aeo, rebâptisée " grotte Mitterand" : Le 15/05/90 une cérémonie accompagnée de chants et de danses eut lieu en l'honneur de la venue du président F. Mittérand. Un code de loi datant de 1945 lui fut offert en signe d'allégence à la France. Cette grotte, ornée de nombreuses stalactites et stalagmites, (dont l'une ressemblerait à la statue de la liberté), sert de refuge en cas de cyclone. La grotte Poiri: située à l'abri de la lumière est lié à une coutume locale: Il était d'usage de "laisser grossir" les femmes de hautes condition. Celle de Peva près de la pointe Taero entre Moerai et Auti, offre au visiteur des perles des cavernes. Et enfin, La grotte blanche, sur le trajet d'Auti (600 hb) qui a construit son temple sur le marae.
Aujourd'hui encore, la structure sociale est restée très communautaire. Vigoureuses et solidaires, les femmes se réunissent en groupes de prières,pour faire de la vannerie, parler des traditions culinaires ou encore de l'éducation des enfants. Outre la pêche, les hommes travaillent dans les champs de manioc, ou dégagent l'accès des sites touristiques.
La cuisine est internationale, mais pour l'heure, restons local: rori ( concombre de mer), salade de poulpe ou de poisson cru, viande de porc ou poulet fafa (épinards) au lait de coco, poe bananes pour le déssert. et un taofe (café) local à la pension Ariana. Déguster de délicieux fromages de chêvres maison à la ferme Omiti, on peut aussi! (il faut! )