Dans les années 30, l'île ne compte que 200 personnes, surtout des femmes, suite aux épidémies qui ravagent l'archipel des Australes. Même chose pour Rurutu, sa voisine, sauf que là, les hommes ont mieux survécu. Des rencontres entre les deux îles s'imposent...
Une île authentique :
Dénuée de port et d'aéroport, c'est une île authentique où seules les baleinières et les pirogues peuvent pénétrer, les passes étant peu profondes. On circule plutôt à pied, à travers de magnifiques plages ponctuées de criques ravissantes. A proximité, le vieux cimetière irlandais étale ses stèles blanches dépourvues de croix et ses inscriptions en tahitien. L'île compte 3 villages: Anapoto, Motuaura, et Amaru (le chef-lieu) et deux motus. Les autochtones le savent, Lorsque le heimatoe (flamboyant) est en fleur, les baleines ne sont pas loin; quand il ne fait pas le délice de la perruche Ura. Après avoir goûté les chaleurs intenses de Tahiti, l'air frais revivifiant, et même la pluie de ce havre de paix est une sensation de plaisir. Son climat tempéré qui favorise la culture de fruits et légumes européens n'empêche pas les bananes, agrumes, pastèques et autres racines locales de pousser (manioc, le noni le taro, remplacé de plus en plus par le tarua).
Une île de tradition et de partage ;
Comme leurs voisins de Raivavae, la population a préféré une production locale à la vente ou l'exportation: Les pêcheurs partent loin vers le large sur des pirogues traditionnellement construites dans des troncs de tamanu, pour ramener et partager avec la population quantité de thons, espadons, ou autres espèces locales comme le rhazar. Chaque année, la tradition du rahui interdit toute tentative de pêche pendant un mois. A cette période, les carangues sont nombreuses et il est d'usage de les laisser approcher sans y toucher, la zone étant délimitée par des branches de pandanus. Il devient alors facile de les repousser vers la plage à l'aide de filets. Les poissons seront distribués aux autochtones par l'entremise d'une coopérative agricole. Le poisson tout frais pêché va alors rejoindre le taro, les bananes fe'i et les crabes dans le four tahitien du samedi. On ne fait pas de feu le dimanche, les diacres l'ont interdit. Enveloppé dans des feuilles de bananiers, le ma'a (repas ) cuit à l'étouffée toute la nuit pour restaurer les convives après la messe dominicale. Et tradition oblige, cuillères et fourchettes sont souvent absents, une feuille de bananier fait office d'assiette. Ailleurs, Les fibres précieuses du pandanus sèchent tranquillement sur la route ou accroché aux murs des maisons en vue de l'activité de tissage à laquelle s'adonnent toutes les mamas: un toit, des paniers, des chapeaux, et le tour est joué!
Une boisson artisanale :
Côté boisson, il existe à Rimatara une bière locale artisanale à base de fruits. Dans son livre, Jean Guillin nous en explique la technique: " Autrefois fabriquée à base de bananes fermentées, recouvertes de sable et feuilles de bananiers, on chauffait les bananes à l'aide d'une torche enflammée. Les bananes encore vertes mais molles étaient ensuite cuites dans un four, On filtrait alors le jus pendant deux mois". Aujourd'hui, une méthode plus rapide est privilégiée: Eau, sucre, fruits (oranges ou ananas), et enfin la levure de bière qu'on laisse fermenter pendant quelques semaines. Cependant la ligue anti-alcoolique locale " la croix bleue" veille! et il n'est pas rare que quelqu'un pris en " flagrant délit d'alcoolisme doive s'engager à ne plus boire pendant 6 mois ou un an... quitte à récidiver le lendemain. En cas de fête ou mariage, cette interdiction peut néanmoins être temporairement suspendue. On ne fait plus " que boire", on tisse aussi des couronnes pour l'occasion.
Un esprit de cohésion :
Comme pour la pêche, le travail des champs se fait en collectivité, Pour gagner son pain à Rimatara, il faut avant tout être solidaire et les femmes se réunissent pour ramasser des coquillages et faire des colliers. La cohésion sociale est ainsi assurée et le muto'i veille : être gendarme à Rimata signifie aussi faire office d'huissier de justice, notaire, agent du trésor, examinateur du permis de conduire, maître de port, météorologue, surveillant des incendies, chercheur de plantation de paka etc... se relayant par équipes de trois. Et pour trouver une chambre chez l'habitant, c'en encore à lui que vous vous adresserez. Si séjourner à Rimatara n'est pas spécialement un lieu de villégiature, c'est plutôt une occasion de découvrir et partager un mode de vie ancestral. Mais pour cela, c'est à vous de faire connaissance avec les habitants. L'isolement géographique de l'île conduisant facilement au repli sur soi, ils n'oseront pas vous aborder. Mais une fois le contact établi, l'appréhension s'évanouit et l'accueil n'en sera que plus chaleureux. On s'y sent donc facilement en famille.
A ne pas manquer: La baie des vierges : vasque naturelle d'eau verte émeraude entourée de sable blanc où les jeunes vierges venaient se baigner nues. Pour l'anecdote: pour son plaisir personnel, le roi y envoyait un émissaire qui choisissait les plus belles d'entre elles dans le bassin d'Hipuna.
Le 'ura, voleur de couleur :
La légende ici : http://www.tahitiheritage.pf/legende-du-ura-de-rimatara/
La baie d'Anapoto est une vaste cocoteraie fréquentée par des hérons et aussi quelques chevaux. Mais vous serez privilégiés si, au hasard d'une balade dans les bois, vous apercevez l'une de ces magnifiques perruches au plumage rouge , vert et jaune (plus du noir et du blanc chez la femelle): le lori, encore appelé URA, a donné son nom au village Mautuaura. Ces oiseaux endémiques appartenaient jadis à la famille royale. C'est donc une espèce protégée qui ne saurait survivre en dehors de son milieu naturel.
La péruche rouge est aussi le nom d'une bonne adresse où séjourner
https://www.facebook.com/lapensionlaperrucherouge/ (page facebook)
http://www.laperrucherouge.com/ (le site) : ouvrez le lien et cliquer sur la péruche pour entrer