Haere mai! Haere mai! (bienvenue).

Je vous propose de faire un petit retour dans le temps, dans un kainga,
l'un des nombreux villages maoris, les premier navigateurs venus de
Polynésie ayant peuplé la nouvelle Zélande.
Au sommet d'une colline est érigé le pa : le village fortifié est entouré
de palissades d'épieux pointus de 4 m de hauteur et de fossés.
Quatres tours de guêt le protègent.
Les whare (maisons) au toit élevé sont sur pilotis

Dans l'esprit maori, Tu, le dieu de la guerre a dréssé les tribus les unes
contre les autres.
Les iwi (tribus) portent le nom des wakas (pirogues) qui les ont amenées
de Tahiti (la mythique Hawaiiki). Chacune est composée de plusieurs
whanau (familles), la tribu est perçue comme une famille agrandie"
renfermant plusieurs hapu (clans) dirrigés par les kaumatua (les anciens).
Les femmes s'occupent des travaux domestiques, des enfants, et
confectionnent des vêtements en flax. Elles excellent également dans
la technique du taniko , art ancestral consistant à coudre des tresses
de couleurs sur les bordures des vêtements, même si cette tradition
incombe plus spécialement à des femmes de haut rang.

Les hommes pêchent, chassent, abattent des arbres pour construire des
pirogues ou des patakas : granges dans lesquels ils entreposent les
récoltes. Ces mêmes récoltes pouvant servir également de monaie
d'échange entre les tribus.
La sculpture wakahuia est réservée aux chefs.

Au sein de la tribu, les rangatira (nobles ) gèrent les affaires du tutua
(le peuple). Le chef n'est pas forcément nommé grâce à sa naissance mais
surtout pour son mérite.
Avant les guerres locales, chaque tribu constituait un peuple à elle seule.
Les réunions importantes se passent dans le whare waikaro (maison
commune) face au marae (temple à ciel ouvert). Seuls les hommes et
les femmes agées sont autorisées à y entrer.
Autour de la porte d'entrée, des tikis (statues de pierre mi hommes mi
dieux) veillent et protègent ses occupants. D'après la croyance maorie,
le tiki représente le premier homme créé par les dieux, aussi encadrent ils
la plupart des maisons maories parmi de savants motifs géométriques.
De petits personnages sculptés à la place du sexe désignent les
générations futures.

A l'intérieur du marae, attendent des femmes et des hommes en habit de
cérémonie (longue capes de fourrure, robes de lin colorées). Au fond,
les chefs sont assis, puis des guerriers armés de lances, de mere (hâches
de néphryte) et de massues se mettent subitement à hurler, vociférer,
bondissant et frappant le sol de leurs armes en faisant d'affreuses
grimaces. Mais malgrés les apparences, cette cérémonie est un haka
(rituel de bienvenue.).
Le moko: tatouage facial ou sur les membres, sert à affirmer son
identité et à se différencier des autres.

En effet, les tromperies de l'armée anglaise et aussi des français ont
laissé un goût amer dans le souvenir du peuple maori qui se veut
pacifique. Aussi s'expriment t'il de cette façon afin d'avoir la certitude
que le visiteur est venu en ami. Si celui ci ramasse doucement la lance
qu'il a reçu à quelques cms de ses pieds, il sera alors accueilli avec tous
les hônneurs que l'on doit à un hôte.
Biensur, celui ci a été préalablement mis au courant de ce rite
ancestral afin qu'il ne s'en suive aucun désagrément et que cela reste
bien un rituel (mais le message est suffisamment clair.)

En tant de guerre, le haka revêtait la double fonction d'honorer le
visiteur, ou de lancer un défi à l'ennemi avant les combats, aussi tirent ils
la langue. C'est également un moyen de se donner du courage.
Le visiteur étant ainsi reconnu comme un ami, les guerriers s'écartent
pour laisser parler le chef.
Après s'être informé des intentions du visteur au sein de la tribu, de
doux " haere mai" de bienvenue se font entendrent , suivis du
karanga (hômmage aux morts des deux parties);
" Haere mai, visiteurs venus de loin
Amenez avec vous les esprits de vos morts
Qu'ils soient salués. Qu'ils soient pleurés.
Montez sur le marae sacré de notre peuple; Haere mai! Haere mai!"

Ce rite signifie donc qu'il pardonne les souffrances passées et accepte
sa venue. Suit un silence de recueillement. Puis, le chef prend le visiteur
par les épaules, pose son front contre celui de la personne accueillie et
touche son nez trois fois. Cette tradition toujours active aujourd'hui
s'appelle le hongi (salut rituel): Le premier contact mélange les souffles,
le deuxième est un hômmage aux ancêtres de chacun, le troisième honore
les vivants.

Suit le waiata d'accueil , (discours un peu chanté) et enfin le repas ou le
kiwi (oiseau local sans ailes) se retouve souvent. Après s'être restauré,
le visiteur est alors conduit dans le whare puni (maison des invités,
littéralement: maison où l'on dort). Il sera peut etre innitié à l'art
du kio rahi, ancêtre du rugby où les participants se passent à grande
vitesse un ballon, évitant que l'adversaire ne l'attrappe. Une légende
maorie est à l'origine de ce sport.

A l'extérieur du village, la nature a repris ses droits; les grands kauri
(arbre au tronc droit et solide dont le bois est souvent utilisé dans la
construction de pirogues ou autres objets usuels) se frayent un passage
parmi les fougères arborescentes (fougères pouvant atteindre 5 m de
haut et au revers argenté). Ca et là, un magnifique pohutukawa (arbre
flamboyant rouge) resplandit et se reflête dans les rivières. Le kowhai
semble riviliser en balançant au gré du vent ses clochettes d'or, au
dessus d'un lit d'orchidées multicolores. Au loin, le rugissement des
cascades noyées de brume se jettent dans les torrents bondissants
pour finir en étang ombragé.

Pas de dôute, le mana (pouvoir spirituel) habite chaque
chose, animal, végétal ou être humain et peut être renforcé en fonction
du mérite qu'il développe au fil du temps. Du moins c'était le cas avant
que la guerre des mouskets provoquées par les colons anglais
n'introduisent les armes en Nouvelle Zélande, faisant de nombreuses
victimes et d'inavouables traffics contre... des têtes coupées
interressant de riches collectionneurs. Cette odieuse "tradition
européenne" fut heureusement interdite par les gouvernements respectifs
en 1831.
Depuis ce temps, les maoris s'arment de patience et de diplômatie
pour récupérer les têtes maories conservées et exposés dans certains
musées étrangers. C'est en fait son mana qui doit revenir parmi le
peuple maori. Et pour cette raison, les chefs ne voyaient pas l'interet
d'exploiter ou d'occuper les territoires ennemis après les avoir conquis;
leur victoire leur ayant déjà transmi le mana.

Si un chef mourrait, alors un Anki, (chef agissant sur plusieurs tribus)
pouvait intervenir. Le pouvoir du chef est suprême, les désirs individuels
devant souvent s'effacer si cela doit contribuer au bien-être de la tribu,
ce qui est le cas lors de mariages inter-tribaux.
Après le karanga de bienvenu chanté par les femmes, et le tangi (rituel
des morts des deux tribus,) le marié offre une " compensation
matrimoniale à son épouse qui quitte sa tribu pour entrer dans celle de
son mari. Cette dot se compose souvent de coquillages, bijoux, nattes et
objets artisanaux ou usuels divers. Suit le waita (chant parlé) , avant le
sermon et les rites protecteurs du tohunga (médecin, sorcier, et prêtre)
et que les voeux ne soient prononcés.

Un haka de fête dynamise l'atmosphère tandis qu'un bon repas cuit
dans la cendre et que le traditionnel hongi réjouit les convives.
Si l'un des deux époux venaient un jour à mourrir, les liens entre les
deux familles seraient conservés à tout jamais, même si la personne
veuve souhaite un jour se remarier.

Pour terminer, quelques mots à propos de ce fameux traîté qui fut à
l'origine des guerres anglo-maories: le traîté de Waitangi:
L'objectif, faire de la Nouvelle Zélande une nouvelle colonie britanique,
à l'instar des missionnaires et des grands propriétaires qui souhaitent
garder un pays libre. L'idée est de faire venir en Nouvelle.Zélande un
maximum de sujets britaniques, de racheter les terres indigènes dans
le respect de la tradition maorie dans un but d'élevages et
de commerce.
Seulement, les anglais oublient bien vite les clauses établies au départ.
Les terres maories, si elles ne sont pas vendues pour une somme bien
modique, leur sont arrachées de force, souvent au prix de nombreuses
vies de part et d'autres.

Et comme si cela ne suffisait pas, elles sont aussi revendues aux colons
anglais, ce qui provoque la colère des maoris dont la tradition veut qu'une
terre renfermant à la fois le mana maori ainsi que les tombes de ses
ancêtres ne doit en aucun cas être revendue.
Les lois maories étant ainsi bafouées sont à l'origine des affrontements
ango-maories qui s'ensuivent. La guerre du mat doit son nom au drapeau
anglais qui fut abattu par trois fois. En effet, les maoris donnaient au
drapeau des vertues magiques.
Dans l'action, la capitale brule , et Auckland devient la nouvelle capitale
le 18 septembre 1840. Beaucoup plus tard, Wellington (dans l'île sud),
devant son nom au duc de fer vainqueur de Waterloo, prend le relais et
est encore aujourd'hui la capitale de la nouvelle Zélande.

Devant le climat souvent rude en Nouvelle Zélande, les maoris auraient
dit que " la nature exprime ici la tristesse des dieux à la suite de ses
nombreux morts de façon si injuste. Mais que la terre restera à jamais
sacrée, et sera toujours habitée par l'âme des morts. "

Malgrés les épidémies et l'introduction d'armes à feu, toutes deux
introduites par les pakehas (les blancs), le nombre de maori s'élève
aujourd'hui à 300 000 personnes plus 400 000 néozélandais de
décendance maorie, installés en grande majorité sur l'île du nord.
Cela peut s'expliquer par le grand nombre de phénomènes naturels
(jeysers, sources chaudes, volcans etc... ) qu'elle renferme, qui ont
probablement effrayé les colons anglais.

De nos jours, le développement du tourisme, les réserves naturelles,
aussi bien que l'artisanat perpétue la tradition et réconcilie la vie
traditionnelle au monde moderne.
Malgrés de violents affrontements, maoris et pakehas ont appris à
vivre en paix. Ils redécouvrent leur culture, le maoritanga.